Bande-dessinée d’heroic-fantasy, médiévale-fantastique ou encore de fantasy médiévale… Autant d’étiquettes utilisées pour tenter de circonscrire l’ensemble protéiforme des productions mêlant univers médiéval et imaginaire merveilleux. Le succès de ce type de production semble inversement proportionnel à celui de la bande-dessinée historique. Suivant une dynamique générale dans le monde de la fiction, l’imaginaire a progressivement contaminé le monde de la bande-dessinée réaliste. De ses débuts timides dans Johan et Pirlouit et dans les premiers albums de Thorgal, alors relativement réalistes, jusqu’à la pléthorique production actuelle, l’univers médiéval-fantastique s’est progressivement imposé dans les rayons des librairies.
Une longue tradition
Ce mélange des genres n’a en soit rien de surprenant. L’imaginaire médiéval et le merveilleux font depuis toujours bon ménage. Pour s’en convaincre, il suffit de remonter au XIIe siècle et de lire les premières productions romanesques en langue française. Les auteurs médiévaux, dont Chrétien de Troyes est certainement la figure la plus connue, mêlaient déjà, dans les récits des chevaliers arthuriens, aventures réalistes et épisodes surnaturels. De même, en inscrivant leurs histoires entre la fin du Ve siècle et le début du VIe siècle mais en y décrivant une société qui leur était contemporaine, ces écrivains ne s’embarrassaient aucunement de cohérence chronologique.
Tout commence par des Schtroumpfs
Les débuts de la bande-dessinée médiévalisante sont marqués par l’influence de Prince Vaillant (débuté en 1934). Bien que idéalisé et largement aseptisé, le Moyen Âge représenté se veut relativement réaliste. L’influence de la série fleuve de Harold Foster se fait sentir jusque dans les années 1970. Y apparaissent des bande-dessinées, comme Ramiro de William Vance et Jacques Stoquart ou Jhen de Jacques Martin, volontairement inscrites dans un réalisme historique plus rigoureux.
C’est cependant plus de 20 ans avant que Peyo introduit le merveilleux dans le monde encore sage de la bande-dessinée médiévalisante. En 1958, il publie la seizième aventure de la série Johan et Pirlouit. Y apparaissent des personnages amenés à rencontrer une succès phénoménal : les schtroumpfs. En immisçant dans l’univers médiéval de Johan et Pirlouit, des personnages fantaisistes et merveilleux inédits, Peyo fait basculer sa série dans la fantasy pure. Il anticipe ainsi le succès phénoménal que connaîtra la bande-dessinée médiévale-fantastique quelques décennies plus tard.
Deux séries fondatrices : Thorgal et Aria
Ces deux séries, toujours en cours aujourd’hui, ont participé à l’élaboration d’un cadre de référence pour leurs successeurs.
La Quête de l’oiseau du temps, une approche sérielle inédite
L’influence du jeu de rôle : Les Chroniques de la Lune noire et Légendes des Contrées oubliées
Virage humoristique et popularisation du genre : Lanfeust de Troy
La production actuelle oscille dès lors entre une veine humoristique et parodique (Donjon de Joan Sfar et Lewis Trondheim ou Le Donjon de Naheulbeuk de John Lang et Marion Poinsot) et une veine plus sérieuse et sombre (Complainte des Landes Perdues de Jean Dufaux et Philippe Delaby ou La Geste des Chevaliers Dragons d’Ange).