Des débuts compliqués : les premières collections policières francophones

En ce début des années 1920, alors qu’en Angleterre s’ouvre l’Âge d’or du roman d’énigme et qu’aux États-Unis s’épanouissent le roman hard-boiled et le roman noir, la France ne semble guère enthousiasmée par les romans policiers. Les premières tentatives de créer des collections spécialisées s’essoufflent ou sont abandonnées l’une après l’autre. Et pourtant, cela avait bien démarré…

2022 ne marque pas seulement le centenaire de la parution du monumental Ulysse de James Joyce, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il y a un siècle le genre policier, si florissant aujourd’hui, avait du mal à s’implanter en France sous la forme de collections dédiées à ce type de littérature. Nous vous proposons donc d’embarquer à bord de notre machine à remonter le temps pour un voyage d’archéologie littéraire !

Les séries dédiées à un personnage…

Au début du vingtième siècle, le personnage du détective privé connaît un véritable engouement, à la suite de la diffusion des aventures de Sherlock Holmes (dont les recueils de nouvelles sont publiés par Juven en 1904-1905). En particulier, à partir de 1907 prolifèrent des séries consacrées à un personnage récurrent, sous forme de périodiques vendus à bas prix, imprimés sur du mauvais papier, mais présentés sous une attractive couverture illustrée en couleurs, qui exploite le spectaculaire ! Ce sont de courtes histoires de 16 ou 32 pages découpées en chapitres à la manière d’un roman. Nombre de ces séries sont originaires d’Allemagne et vont essaimer à travers toute l’Europe. L’une des premières (parue en 1907-1908) est intitulée Les Dossiers secrets de Sherlock Holmes, puis (à partir du n°4) Les Dossiers secrets du roi des détectives ; c’est la traduction fragmentaire de la série Sherlock Holmes und seine weltberühmten Abenteuer (« Les aventures mondialement connues de Sherlock Holmes »), puis Aus dem Geheimakten des Welt-Detektivs (« Les dossiers secrets du détective mondial »), écrite par plusieurs auteurs anonymes, parue à Berlin en 1907-1912 sur 230 n°. Cette série reprend nommément le personnage de Conan Doyle, mais sans l’autorisation de l’auteur… Ce qui explique le changement de titre de la série, suite à une plainte des éditeurs allemands et français de l’œuvre de Conan Doyle ! Le nom du célèbre détective sera tout de même conservé dans le texte…

L’éditeur allemand Alwin Eichler diffuse en Europe, à partir de 1906, les aventures d’un autre grand détective anglo-saxon : l’Américain Nick Carter, apparu aux États-Unis en 1886 et qui vivra plus de 1000 aventures, avant d’être adapté au cinéma, en pièces radiophoniques et en bandes dessinées. La série Nick Carter, Amerika’s grösster Detectiv paraît en Allemagne en 1906-1913, sur 375 numéros; puis est diffusée en Italie, au Danemark, en Suède, Hollande, Pologne, Russie, Espagne, Hongrie, et en France, où Nick Carter, le grand détective américain connaîtra deux séries, de 213 et 160 n° respectivement, de 1907 à 1914.

Ensuite, les émules de Nick Carter se multiplient, que les éditeurs cherchent à différencier par une surenchère d’appellations : « le roi des détectives », « le roi des policiers », « le grand détective américain », « le plus illustre détective de nos jours », « le prince des détectives », le « plus grand détective français », « le plus grand détective du monde ». Il y a ainsi :

Nat Pinkerton, le plus illustre détective de nos jours (A. Eichler, 336 n° en 1908-1914), traduction d’une série allemande diffusée dans plusieurs autres pays (Italie, Pologne, Russie, Danemark).

Marc Jordan (« Exploits surprenants du plus grand détective français ») (J. Ferenczy, 62 n° en 1907-1908), une série écrite par Jules de Gastyne.

Miss Boston, la seule femme-détective du monde entier (Albin Michel, 20 n° en 1908-1909 ou 1910), créée par Antonin Reschal.

Tip Walter, le prince des détectives (J. Ferenczy, 55 n° vers 1911-1912), dont l’auteur est peut-être Paul Salmon — à moins qu’il ne s’agisse d’une traduction de l’allemand ?

Ethel King, le Nick Carter féminin (A. Eichler, une centaine de n° en 1912- 1914), encore  une série d’origine allemande traduite et adaptée par Jean Petithuguenin, dont il existe des versions polonaise, italienne et norvégienne. Ethel King est une rivale de Miss Boston, qui ne peut donc proclamer être « la seule femme détective du monde » !

Faisant exception aux séries fasciculaires de par son format (volumes brochés de 240 pages au format 12×18,5 cm), mais consacrée comme elles à un seul personnage récurrent, la collection Les Romans policiers d’Albert Méricant (22 volumes en 1911-1913) propose « Les Aventures de William Tharps » de George Meirs (assisté pour les 4 premiers titres de J.M. Darros). William Tharps est un médecin et détective amateur mondialement célèbre, dont les enquêtes sont racontées par son ami, l’avocat Pastor Lynham.

La Belgique francophone n’est pas en reste dans cette prolifération de détectives, avec Ricardo Gomez, le roi des détectives, une série publiée à Bruxelles en 1916-1919 signée Suton Caryl (pseudonyme de Max Hody).

La Première Guerre mondiale interrompt la plupart de ces publications : les séries allemandes ne sont plus traduites en français, et la littérature populaire s’oriente vers le roman patriotique et d’espionnage, liés à l’actualité. Après la guerre, les grands détectives réapparaissent, mais l’engouement du public semble émoussé (les séries sont moins nombreuses et moins prolifiques) : la SOBELI (Société Belge d’Imprimerie à Bruxelles) réédite les deux principales séries Eichler : Nick Carter, le grand détective américain (169 n° publiés à partir de 1922) et Nat Pinkerton, le plus illustre détective de nos jours (175 n° dans les années 1920), tandis qu’un projet de réédition d’Ethel King, détective féminin semble ne pas avoir abouti. D’autres éditeurs proposent les Extraits des dossiers de Bob Wilson, le célèbre détective (une cinquantaine de titres parus au début des années 1920) ; ou encore Dick Cartter, le roi des détectives (21 titres parus en 1923-24) par The captain Browning, qui serait allé en Amérique y rencontrer Dick Cartter et en aurait rapporté le récit des « exploits du prodigieux policier américain », des exploits d’ailleurs « si merveilleux qu’ils semblent presque invraisemblables et exagérés à dessein par l’imagination des romanciers. » (sic)

Les premières collections

Au contraire des séries, les collections ne sont pas consacrées à un seul héros récurrent et accueillent divers auteurs.

Dans ce domaine, c’est le célèbre éditeur de littérature populaire Jules Tallandier qui ouvre le bal, d’abord avec la publication, hors collection, de « romans de police » d’Anna Katharine Green, l’une des pionnières du roman policier aux États-Unis : Le crime de Gramercy Park (1907), suivi de Lequel des trois ? (1909). Puis, en 1910, les éditions Tallandier lancent la collection Les Romans mystérieux qui publiera 36 titres jusqu’en 1914. On retrouve au catalogue A.K. Green (avec d’autres titres, comme La main et la bague, Derrière les portes closes, Une étrange disparition), entourée d’autres auteurs anglo-saxons célèbres à leur époque : Fergus Hume (dont la carrière a débuté en 1886 avec le best-seller Le mystère du hansom cab) ; Phillips Oppenheim (surnommé le Prince des Conteurs, qui a écrit de nombreux thrillers et récits policiers) ; Ernest W. Hornung (beau-frère d’Arthur Conan Doyle et créateur en 1899 du gentleman cambrioleur A.J. Raffles) ; Arthur Morrison (créateur d’un des plus réussis rivaux de Sherlock Holmes : Martin Hewitt, dont les enquêtes sont réunies ici en 4 volumes) ; Arthur Quiller-Couch (qui a notamment terminé un roman inachevé de Robert Louis Stevenson St Ives, 1898) ; Mrs L.T. Meade (en collaboration avec le Dr Halifax pour un recueil de nouvelles) ; Mary Roberts Rinehart (une autre Américaine, auteure de romans de suspense et créatrice du genre « Si j’avais su ») ; ou encore Arnold Golsworthy, Charles Edmond Walk,  Henry De Vere Stacpoole et C.J. Cutcliffe Hyne.

Cet ensemble anglo-saxon est renforcé par quelques auteurs français, dont certains sont bien connus des amateurs de romans populaires : Jules Lermina (créateur en 1908 d’une figure d’enquêteur originale : Toto Fouinard, le petit détective parisien) ; Arnould Galopin (dont La ténébreuse affaire de Green Park et L’homme au complet gris mettent en scène le détective amateur australien Allan Dickson, un autre rival de Sherlock Holmes) ; H.R. Wœstyn (avec un recueil de nouvelles auparavant parues dans la revue Mon Bonheur de Tallandier, sous la signature de Jacques Bellême) ; et encore René Thévenin, Charles Foleÿ, H.J. Magog, Guy de Téramond, Guillaume Livet et Georges Montignac.

Parmi ces romans, tous ne sont pas strictement policiers : plusieurs relèvent davantage du roman d’aventures, comme Le rocher du mort de Quiller-Couch, Kowa la mystérieuse de Charles Foleÿ (qui traite du thème du Péril Jaune), ou encore Le Mystère plane de Georges Montignac.

L’autre grand éditeur populaire de l’époque, Joseph Ferenczi, lance pendant la guerre la collection Le Roman policier en exploitant un créneau différent, dont il s’est fait une spécialité : le petit roman, en volume agrafé sous couverture illustrée par Gil Baer, sur 64 pages (puis 48 et finalement 32). 206 n° paraissent entre mars 1916 et mai 1923 (avec une interruption entre 1917 et 1919).

« À tous ceux qui aiment les récits mouvementés, étranges, merveilleux et cependant d’une vraisemblance indiscutable, nous dédions cette nouvelle collection de romans policiers. Les aventures extraordinaires et périlleuses des plus grands détectives du monde y sont racontées fidèlement sous une forme concise et attrayante. »

Les auteurs sont ici français (malgré deux pseudonymes anglo-saxons : J.W. Killbear, Géo Blakmussel), qui pour la plupart publient déjà dans les collections sentimentales de Ferenczi. Ce sont les prolifiques romanciers populaires Marcel Priollet, Jules de Gastyne, H.R. Wœstyn, Georges Spitzmuller, Jean Petithuguenin, Marcel Vigier, Fernand Peyre, Henry de Golen, H.J. Magog, et bien d’autres noms familiers aux collectionneurs de fascicules populaires de l’entre-deux-guerres. Si l’on trouve des récits inspirés des détectives du type Nick Carter (par exemple Les crimes de l’étrangleur d’Arthur Fontaine, n°9), une partie des romans parus dans cette collection ne seraient pas qualifiés de « policiers » de nos jours : les auteurs se sont souvent contentés d’ajouter des personnages de policiers ou de détectives à des intrigues relevant du roman sentimental, dramatique, d’aventures ou même gothique (par exemple Les yeux dans la bouteille de Marcel Priollet, n°69, et L’énigme de feu de H.-R. Woestyn, n°180, qui se déroulent tous deux dans un château présumé hanté), genres qu’ils pratiquaient par ailleurs. L’ancrage général reste celui du roman populaire.

L’éditeur Pierre Lafitte, toujours à l’affût de la modernité, a publié dès 1908 un certain nombre d’œuvres relevant du genre policier, que ce soit hors collection ou dans ses périodiques. Et il est bien sûr l’éditeur (dans son périodique Je Sais tout) des deux grands personnages de la Belle Époque que sont Arsène Lupin et Joseph Rouletabille. En 1916, Lafitte lance la Collection des romans d’aventures et d’action, qui se distingue par son aspect soigné : ce sont des volumes agrafés au format in-8° (17×24 cm), aux couvertures ornées d’une illustration en couleurs, avec un texte sur 2 colonnes et des illustrations intérieures. Les illustrateurs ne sont pas des moindres : Roger Broders, Léo Fontan, Maurice Toussaint, Marcel le Coultre, etc.

Le catalogue de cette collection n’est cependant pas très novateur : on y réédite les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, gentleman cambrioleur (par Maurice Leblanc) et de Joseph Rouletabille, reporter (par Gaston Leroux). Le reste du catalogue se répartit entre divers autres auteurs (dont plusieurs ont déjà été publiés dans la collection de Tallandier), mais la plupart de ces romans sont des rééditions (dont une partie est issue du fonds Lafitte) : E.W. Hornung avec Raffles, cambrioleur pour le bon motif (paru chez Juven en 1910) ; Arthur Conan Doyle avec La main brune (déjà paru en 1912) et Un crime étrange (alias Une étude en rouge, la première enquête de Sherlock Holmes !) ; la baronne Orczy avec Un amateur de mystères (ouvrage attribué au traducteur J. Joseph-Renaud, tandis que le nom de l’auteure apparaît en petit sur la page de titre et non en couverture), un recueil de nouvelles mettant en scène le vieil homme dans le coin ; Arnold Golsworthy (déjà rencontré chez Tallandier) avec Un cri dans la nuit (déjà paru en octobre 1908) ; Charles Foleÿ avec Kowa la mystérieuse (déjà publié par Lafitte en mai 1908, et repris par Tallandier dans Les Romans mystérieux) ; Albert Boissière avec Un crime a été commis (inédit) ; et J. Joseph-Renaud, cette fois véritablement en tant qu’auteur, avec Le meurtre de Miss Elliott (déjà paru en février 1912). Deux classiques du roman d’aventures complètent le catalogue : Capitaines courageux de Rudyard Kipling, et L’île au trésor de R.L. Stevenson.

Cette collection semble donc être une tentative faite, sans engager de grands frais, pour rassembler autour d’un thème criminel commun des ouvrages ayant déjà touché un public. Sans doute faute de succès, la Collection des romans d’aventures et d’action est fusionnée en 1922 avec Idéal-Bibliothèque (qui a débuté en 1909), à la présentation semblable (quant au format et aux illustrations intérieures), mais qui publie divers genres de littérature. La fusion a cependant laissé quelques traces (pour le plus grand bonheur des collectionneurs), puisque des invendus ont été habillés d’une étiquette portant l’intitulé d’Idéal-Bibliothèque masquant le nom de l’ancienne collection !

D’autres éditeurs populaires de l’époque se contentent, plus prudemment, d’inclure des récits policiers dans leurs collections au registre plus large. C’est le cas de la Collection d’aventures des Publications Offenstadt, destinée à la jeunesse, qui débute en 1916 et propose plusieurs œuvres relevant du domaine policier. Il s’agit dans ce cas de l’édition en volumes de récits qui ont paru avant la guerre dans les périodiques Offenstadt (L’Epatant, L’Intrépide, Les Romans de la jeunesse). On trouve ainsi une série de José Moselli qui met en scène John Strobbins, « le détective cambrioleur », un voleur et escroc qui se fait passer pour un détective privé (à la manière de Horace Dorrington, créé en 1897 par Arthur Morrison), ce qui lui permet de tirer profit des affaires qui lui sont confiées ; une autre signée Hector Saintillac qui met en scène le détective américain Jim Jackson ; une autre signée A. Romagny qui met en scène le détective londonien Justus Wise ; ou encore des romans isolés, comme Rossignolette cambrioleuse de Hubert de La Tour, dans lequel un inspecteur la Sûreté assisté d’un détective amateur « supérieur à tous les professionnels », traquent une bande de cambrioleurs dirigée par une jeune fille.

Ainsi, en ce début des années 1920, les collections spécialisées lancées la décennie précédente s’arrêtent les unes après les autres. Les nouvelles tendances du roman policier qui se développent dans les pays anglo-saxons n’ont pas encore relancé le genre en France, et visiblement celui-ci s’essouffle un peu.

Remarquons que ces premières tentatives de collections spécialisées n’affichaient pas toujours clairement leur but. Alors que le terme « roman policier » est utilisé par la critique depuis les années 1870 (ayant pris le relais du « roman judiciaire » qualifiant les œuvres du pionnier Emile Gaboriau), les éditeurs du début du 20e siècle lui préfèrent d’autres appellations. Ainsi, Jules Tallandier parle de « roman de police » pour les romans d’A.K. Green parus hors collection, puis dénomme sa collection Les Romans mystérieux, dont la publicité met l’accent sur l’émotion, l’angoisse, la terreur, l’action, et non sur l’enquête policière ! Pierre Lafitte choisit quant à lui l’appellation de Romans d’aventures et d’action, ce qui semble assez bien adapté aux romans de Maurice Leblanc et Gaston Leroux mais en masque l’aspect policier et criminel. À sa décharge, rappelons que l’une des plus célèbres collections françaises, Le Masque, sera sous-titrée par son créateur Albert Pigasse « collection de romans d’aventures » ! Finalement, il n’y a que Ferenczi pour annoncer clairement le genre qui était visé (Le Roman policier), alors même que comme chez ses confrères, un certain nombre d’ouvrages publiés sous cette appellation ne correspondaient pas à la définition !

En 1927, l’espoir renaît !

L’année 1927 marque un redémarrage durable des collections policières en France. Gallimard lance Les Chefs-d’œuvre du roman d’aventures (qui remplace Les Chefs-d’œuvre du roman feuilleton, ayant publié seulement 7 titres de 1925 à 1927) axée sur « les romans d’aventures où l’intrigue policière tient une grande place ». Cette collection publie, jusqu’en 1933, de grands auteurs anglais et américains (William Le Queux, Edgar Wallace, Austin Freeman, S.S. Van Dine, Freeman Wills Crofts, Dashiell Hammett, Raoul Whitfield, etc.), et quelques français (Stéphane Corbière, Edouard Letailleur, Noël Vindry, Maurice Marrou, etc.).

C’est aussi l’année où Jules Tallandier relance sa collection des Romans mystérieux pour une deuxième série de 41 titres, qui paraîtra jusqu’en 1932.

Et bien sûr, 1927 voit l’apparition de la collection Le Masque d’Albert Pigasse, qui fait découvrir Agatha Christie et d’autres romanciers de l’Âge d’or du roman d’énigme aux lecteurs français, et permet à d’autres collections de se lancer sur ses traces, comme Le Domino Noir (1931-1932, « Collection des romans détectives et d’aventures traduits de l’anglais ») ou Maîtres-Détectives (1931-1932, « Les romans policiers les plus passionnants par les meilleurs auteurs. »).

Les détectives de série reviennent également en force, avec Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain, une série néerlandaise apparue en 1927 et publiée en France à partir de 1929, bien connue des amateurs de Jean Ray. Dans son sillage sont publiées d’autres séries comme les Mémoires et aventures de Jack Holmès, ancien chef de police secrète américaine (vers 1928-1930), Jack Dollar, the first detective in the world (sans doute au début des années 1930) ou encore la série allemande Jack Allan, le vengeur des déshérités (également au début des années 1930).

Pour Ferenczi, le redémarrage est plus lent : une tentative de relance, dès 1926, de la collection Le Roman policier s’interrompt en 1927 après seulement 39 n°. Ferenczi attendra alors le début des années 1930 pour publier deux collections policières qui trouveront cette fois leur public et ne seront interrompues que par la guerre, en 1941 : Police et Mystère en 1932 (qui rééditera dans ses 200 premiers numéros de nombreux titres de Le Roman policier), suivie de Crime et Police en 1933.

De même, Pierre Lafitte attendra 1932 pour faire une nouvelle tentative dans le genre policier, avec Le Point d’interrogation qui publie 45 n° jusqu’en 1937, mais hélas avec un catalogue sans grande originalité : ce sont de nouveau des rééditions de romans de M. Leblanc et G. Leroux qui constituent le fonds de cette collection, avec quelques Conan Doyle (également des rééditions) et seulement trois nouveaux auteurs (l’Américain Oscar Schisgall, le Français Hervé de Peslouan, et l’Anglais Anthony Hope avec Service de la reine, un roman d’aventures en provenance du fonds Hachette qui l’a publié dans la « Bibliothèque des meilleurs romans étrangers »).

Dans les années 1930, le concept de collections dédiées au roman policier en France est désormais bien implanté, même si le nombre d’exemplaires vendus reste encore modeste. En témoignent les beaux catalogues des collections L’Empreinte (1932-1940), le plus sérieux concurrent du Masque, et Détective chez Gallimard (1934-1938). Mais cela ne doit pas faire oublier que les débuts n’ont pas été faciles, et que les pionniers (Tallandier, Ferenczi, Méricant, Lafitte) n’en ont pas récolté les fruits…

Jérôme Serme

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